Le burn-out a-t-il un sexe ?
Par Lucile Quillet 17 septembre 2014
Après un burn-out, les femmes partent et les hommes restent.
Les femmes seraient plus susceptibles de souffrir de burn-out au travail que les hommes. Mythe ou réalité ? Celles qui sont passées par là témoignent.
C’est l’histoire d’une femme forte à qui tout réussissait. Lorraine Willems, 47 ans, dirigeait depuis six ans la boîte de production Story Box Press. La création de « Dimanche+ » sur Canal+, la série de documentaires de Loïc Prigent Le jour d’avant…, Dans les Yeux d’Olivier sur France 2, c’est elle. Ainsi que tout le digital de L’Oréal Paris et Roger Vivier… Story Box Press est comme son troisième enfant. Celui pour lequel elle a travaillé 7 jours sur 7 pendant deux ans. Puis qu’elle a dû élever seule une fois le départ de son associée, Laurence Ferrari, consommé. Workaholic et mère de deux enfants de 28 ans et 23 ans, la femme active a les mains libres, les manches bien relevées, et dix-sept salariés qui comptent sur elle. « C’était l’aventure de ma vie. J’étais incapable de dire que j’étais fatiguée. Le mot n’existait plus dans mon vocabulaire. Et puis, un matin, je n’étais plus capable de me lever. »
Wonder Woman n’a rien vu venir de ce premier burn-out. Après deux mois de repos forcé à trépigner d’impatience dans son lit, elle est de retour au bureau, à nouveau sur les rails. Arrive le Festival de Cannes, ses rendez-vous, son effervescence et ses nuits qui ne durent que trois heures. Le corps de Lorraine lui envoie une deuxième secousse : malaise, nuit à l’hôpital. « Dès le lendemain, j’étais de retour dans ma chambre au Martinez pour travailler depuis mon lit. » Cinq mois plus tard, troisième avertissement : un ictus amnésique. Lorraine tombe dans les pommes et ne se souvient de rien. « J’avais tous les symptômes pour faire un AVC. Mais depuis le service de neurologie, je me demandais surtout comment la boîte allait tourner sans moi. » Son entourage a beau l’avoir prévenue, il faut qu’un ami médecin lui balance : « Si tu continues comme ça, tu vas crever » pour que Lorraine Willems dépose les armes un moment.
Comme elle, les femmes actives auraient bien des raisons de s’écrouler. Ambition découragée par un sexisme persistant, autocensure, double emploi de mère et de working girl, sans parler des 80% de tâches domestiques qu’elles assument seules… Écrasées par ce millefeuille de besognes, on murmure qu’elles seraient plus sensibles au burn-out, la dévastatrice maladie du travail. En février 2014, l’étude Technologia révélait que parmi les 10% de Français frôlant le burn-out, les femmes seraient les premières à se consumer de l’intérieur. Près de 35% d’entre elles affirment que leur travail a eu un impact négatif sur leur santé dans l’année écoulée contre seuls 25% des hommes. La deuxième catégorie la plus touchée par le burn-out ? Les familles monoparentales, soit 85% de femmes. Mais les experts ne sont pas si unanimes. En réalité, les femmes ne seraient pas des créatures plus inflammables que les hommes. Même si elles n’éteignent pas l’incendie de la même manière.
Entre ses enfants, son couple, son travail épuisant, Sarah Jessica Parker frise la crise de nerfs dans le film Mais comment font les femmes ? de Douglas McGrath.
Après un burn-out, les hommes restent, les femmes plaquent tout
Il n’y aucune raison que les femmes souffrent plus de burn-out que les hommes. Elles ne sont pas plus fragiles, juste plus honnêtes selon Bénédicte Haubold, fondatrice de l’agence de conseil en risques pour les entreprises Artélie. Elle en a vu défiler des salariés en craquage. Conclusion : « les femmes ont tendance à verbaliser plus facilement les questions de malaise et de stress au travail. Les hommes sont d’autant plus sujets au burn-out qu’ils ont plus de mal à en parler ». Les déclarations pourraient bien être biaisées sous la pression d’injonctions sociales stéréotypées. Pour Sophie Aubard, cofondatrice de l’Institut du Salarié, « les hommes éprouvent plus de difficultés à avouer qu’ils vont mal car ils doivent incarner ce mâle dominant, ce super-héros d’entreprise, qui réussit et n’est jamais fatigué. Les femmes ressentent moins de honte ». Ces messieurs préfèreraient donc faire l’autruche plutôt que de reconnaître une faiblesse. « Aujourd’hui, cela se démocratise lentement. Un peu comme la dépression, considérée comme une maladie exclusivement féminine autrefois. »
S’il n’y a pas de « sexe faible au travail », hommes et femmes vivent chacun le burn-out à leur façon. Il faut se pencher sur les leviers de motivation de chacun. Pour l’homme, la performance et la reconnaissance – revoilà le cliché du super-héros de l’open space. Les femmes, elles, cultivent un rapport plus viscéral et passionné au travail. Elles y investissent autant leur temps que leurs émotions. Quitte à s’aveugler. Car le travail, cher travail, est le symbole de leur indépendance et de leur épanouissement. Parce qu’elles sont moins valorisées en entreprise, elles vont foncer tête la première pour faire taire les médisants. Quitte à ne jamais savoir dire non. « Pour être considérée comme performante, une femme doit être ultraperformante, développe Sophie Aubard. Elle va être plus souple et accepter de faire plus. » Ainsi, Laura* partait de chez elle à 6h30 du matin pour ne revenir qu’à 21 heures. Pas de pause midi, pas le temps. Elle est responsable marketing de quatre concessions automobiles pour deux grandes marques. « Je retravaillais le soir chez moi sur mon ordinateur après le repas. Idem les week-ends, non-stop… Je m’infligeais beaucoup de contraintes, comme aider en permanence mes collègues, au risque de me mettre en difficulté vis-à-vis de mes missions. » Arriveront alors les pleurs, les crises d’angoisses et quatre nuits blanches successives. L’heure qui suit sa démission, Laura file illico un mois et demi en clinique de repos dormir quinze heures par jour. « Je n’avais jamais pensé avoir de limites. » Parce que les femmes aiment leur travail souvent plus que les hommes, elles peuvent s’y jeter corps et âme, persuadées que la masse de tâches qu’elles accomplissent est nécessaire. « On tombe dans un cercle vicieux de la reconnaissance : c’est toujours valorisant d’avoir plus de travail que les autres, plus de responsabilités, analyse Sophie Aubard. En fait, c’est la grande arnaque, une sorte de « donne-moi ta montre, je te donnerais l’heure. »
Lorraine Willems, elle, a rompu avec Story Box Press. Reprendre son poste, même en travaillant moins ? « Impossible. » Après huit ans d’existence et neuf mois sans elle, l’entreprise met la clé sous la porte. La chef d’entreprise sent une partie d’elle « mourir ». « Mais cela a été salvateur : cette expérience m’a permis de voir la vie d’une autre façon, dans laquelle le travail n’est pas tout. »
"J'ai l'impression d'être une miraculée"
Quand l’incendie est déclaré, hommes et femmes n’empruntent pas les mêmes issues. « Si les premiers font bonne figure et restent dans la même entreprise, persuadés qu’ils n’ont pas le droit à l’échec, les secondes changent tout », explique Sophie Aubard. Comme si elles plaquaient définitivement une histoire d’amour trop douloureuse. Elles prennent du recul, se réorientent, changent de métier ou intègrent des structures radicalement opposées à la précédente. Comme on choisirait un amant qui n’aurait pas les défauts du précédent. « Celles qui ont vécu la vie dans des grosses structures comme un rouleau compresseur iront dans des petites entreprises, plus humaines. Celles qui ont trouvé ces dernières trop « patriarcales » passent dans des grands groupes. »
Ainsi, Laura s’est reconvertie dans un cabinet de formation, une entreprise familiale à cinq minutes de chez elle. Avec le plein de bonnes résolutions. « Je fais du sport pour m’aérer l’esprit, je rentre chez moi le midi pour garantir mon hygiène de vie et me force à ne pas faire plus de trente minutes de travail supplémentaire par jour et de partir à 17h30 ». Aujourd'hui, Lorraine aussi, savoure les vertus de la lenteur. « Pour la première fois depuis vingt-huit ans, j’ai pris du temps pour moi. J’arrive désormais à apprécier les moments de détente. » Son nouveau projet, LW Talents Office, lui permet de garder un emploi du temps à échelle humaine. « Je vais travailler avec deux, trois personnes que j’aime vraiment, dans une toute autre philosophie pour mener des projets de qualité, dans la lenteur. J’ai 47 ans et envie de quelque chose de plus harmonieux. Au fond, j’ai un peu l’impression d’être une miraculée. »
*Le prénom a été changé.
Si vous devez démissionner
Attention les salariés démissionnaires ne peuvent prétendre à l’indemnité de licenciement, et sauf conditions particulières aux allocations de chômage.
Qui peut démissionner ?
Le salarié peut rompre son contrat de travail à durée indéterminée à tout moment. (Article L1231-1 Le contrat de travail à durée indéterminée peut être rompu à l'initiative de l'employeur ou du salarié, ou d'un commun accord, dans les conditions prévues par les dispositions du présent titre). Une clause prévoyant des périodes pendant lesquelles sont exclues les démissions n’est donc pas valable. Ces dispositions ne sont pas applicables pendant la période d'essai.Sauf exception, ou avec l’accord de l’employeur, un salarié engagé par contrat à durée déterminée ne peut pas démissionner.
Les conditions de la démission
La démission doit être la manifestation claire et non équivoque du salarié de rompre son contrat de travail.
Elle pourra être :
- Soit annulée si elle n’a pas été librement consentie, si le salarié invoque un vice du consentement,
- Soit requalifiée en prise d’acte de la rupture du contrat de travail si elle résulte d’un comportement
fautif de l’employeur.
Ainsi, la démission n’a pas été retenue dans les cas suivants :
- Démissionner sous le coup de la colère, ou lors d’un mouvement d’humeur,
- Quitter l’entreprise précipitamment sous l’emprise de l’énervement,
- Troubles psychiques du salarié au moment où il a donné sa démission
- Exprimer l’intention de démissionner dans un état de fatigue pendant un service de nuit,
- Les démissions données sous la pression de l’employeur (à la suite de mesures vexatoires,
de menaces de poursuites pénales, ou pour échapper à un licenciement pour faute grave ou
lourde par exemple).
En revanche, une démission donnée pour échapper à un licenciement pour faute grave ou lourde, sans aucune pression de l’employeur est valable. Enfin, lorsque la démission a été donnée de manière claire et non équivoque, l’employeur n’est pas tenu d’accepter la rétractation.
Le formalisme de la démission
La démission n’est soumise à aucune procédure particulière. Il est cependant recommandé soit :
- d’adresser la lettre de démission en recommandé avec accusé de réception à l’employeur,
- soit de procéder par remise en main propre avec récépissé de dépôt.
pour marquer le début du préavis. Une lettre de démission rédigée par un tiers ou pré-imprimée est également valable.
Attention : Ce n’est pas le moment de s’épancher sur ses collègues, ou son supérieur, c’est trop tard. De plus, il est important de laisser une image positive lorsqu’on quitte une entreprise, le milieu professionnel est petit, les prises de référence fréquentes, et qui sait si à l’avenir vous ne reviendrez pas dans l’entreprise que vous venez de quitter, ou ne rencontrerez pas vos ex-collègues ou votre ex-boss que vous avez tant décrié.La démission c’est le salarié qui annonce à son entreprise qu’il « ne l’aime » plus, ce peut être vécu comme quelque chose de personnel, il est donc inutile d’en ajouter sur les circonstances du départ. Souvent à l’occasion de l’annonce de la démission, l’employeur cherche à en connaître les raisons, il faut rester prudent. Si vous envisager de négocier un préavis réduit ou même sa dispense, les rapports devront à minima être courtois.Enfin, il est bon de rappeler que pendant le préavis vous restez tenu par toutes ses obligations contractuelles, y compris l’obligation de loyauté et de discrétion. Ce n’est pas le moment de s’épancher, même en catimini, l’entreprise est une maison de verre, tout se sait ! |
Les suites de la démission
Le préavis
Le code du travail mentionne uniquement le délai de préavis imposé à l’employeur en cas de licenciement. La durée du préavis en cas de démission est celle prévue par la convention ou l'accord collectif ou, à défaut, par l'usage pratiqué dans la localité et la profession, ou encore par le contrat de travail.
Le salarié ne peut mettre fin à son contrat de travail sans respecter un préavis à l’exception des cas suivants :
- démission pendant la période d’essai, (si le contrat de travail ou l’accord ne prévoient pas de
préavis de démission qui ne peut cependant excéder la durée du préavis en cas de licenciement),
- les femmes en état de grossesse apparente,
- à l’issue du congé de naissance ou d’adoption et en respectant certaines formalités,
- les salariés en création d’entreprise doivent avertir leur employeur trois mois avant la fin de
son congé.Ce délai de trois mois se substitue au préavis.
- etc…
Le calcul de la durée du préavis s’effectue de date à date, le point de départ se situant à la date de notification de la démission. Pendant cette période, le contrat continue de s’exécuter normalement.
La dispense d’exécution du préavis à la demande du salarié démissionnaire : l’employeur n’est pas tenu de l’accepter. S’il le fait la période du préavis non effectuée ne sera pas rémunérée. Lorsque le salarié démissionnaire ne respecte pas le délai de préavis imposé par son employeur, il ne peut prétendre au paiement, par l'employeur, de l'indemnité compensatrice de préavis. L'employeur peut alors prétendre au paiement par le salarié de l’indemnité compensatrice de préavis.
La dispense d’exécution du préavis à la demande de l’employeur : l’employeur doit au salarié pendant cette période tous les salaires et avantages dont il aurait bénéficié s’il avait continué à travailler.
Démission et Indemnités Pôle EmploiSauf démissions légitimes, les salariés démissionnaires ne peuvent prétendre aux allocations de chômage.
La démission du dernier emploi ou d’un emploi autre que le dernier, dès lors que l’activité reprise est inférieure à 91 jours (environ 3 mois), ne permet pas le versement des allocations de chômage parce qu’elle place le salarié en situation de chômage volontaire.
Les démissions principales démissions légitimes sont :
- Le changement de résidence du conjoint pour occuper un nouvel emploi salarié ou non salarié ; Le nouvel emploi correspond à celui occupé à la suite d’une mutation au sein de l’entreprise ou lors d’un changement d’employeur à l’initiative de l’intéressé ou encore, après une période de chômage.
- Le changement de résidence du salarié qui rompt son contrat de travail et dont le départ s’explique par son mariage ou la conclusion d’un pacte civil de solidarité (PACS), dès lors que moins de deux mois s’écoulent entre la date de la démission ou de la fin du contrat de travail et la date du mariage ou de la conclusion du PACS ; pour l’application de cette règle, il n’est pas exigé que la fin du contrat de travail soit antérieure au mariage ou au PACS. La démission doit être considérée comme légitime toutes les fois que moins de deux mois se sont écoulés entre la démission ou la fin du contrat et le mariage ou le PACS, quel que soit l’ordre dans lequel sont survenus ces évènements ;
- Le changement de résidence des parents du salarié âgé de moins de 18 ans ou de la personne qui exerce l’autorité parentale ;
- La rupture à l’initiative du salarié, d’un contrat initiative-emploi (CIE) à durée déterminée, d’un contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE), d’un contrat d’avenir (CA), d’un contrat insertion-revenu minimum d’activité (CIRMA) ou d’un contrat unique d’insertion (CUI) pour exercer un emploi sous contrat de travail à durée déterminée d’au moins 6 mois ou sous contrat de travail à durée indéterminée ou pour suivre une action de formation qualifiante au sens de l'article L; 6314-1 du code du travail.