Cadres, cadres dirigeants, agents commerciaux, commerciaux au statut de VRP, certains salariés bénéficient d’un véhicule de fonction attribué par leur entreprise, dont les modalités d’octroi sont inscrites dans le contrat de travail. Si, contrairement à la voiture de service, le salarié dispose d’une plus grande liberté quant à l’utilisation du véhicule de fonction, il existe néanmoins de nombreuses règles de base à connaître. C’est notamment le cas durant les périodes de suspension du contrat de travail, mais aussi du financement du véhicule (assurance, essence, amendes, entretien…).
Voiture de fonction : des différences avec le véhicule de service
Il faut avant tout aborder quelques différences entre une voiture de service et une voiture de fonction. La voiture de service est mise à la disposition du salarié pour faciliter uniquement ses déplacements professionnels, et doit être restituée à chaque fin de journée de travail. Certains employeurs tolèrent néanmoins l’utilisation du véhicule pour les trajets domicile-travail. De son côté, la voiture de fonction offre une plus grande liberté au salarié car peut être utilisée pour, non seulement ses déplacements professionnels, mais aussi ses trajets personnels (congés payés, week-end…).
Une autre différence réside dans le droit des salariés quant à la restitution du véhicule. En effet, dans le cas de la voiture de fonction, la restitution nécessite une modification du contrat de travail, que le salarié peut bel et bien refuser. De plus, l’employeur peut risquer une revalorisation salariale car cette restitution est considérée comme une sanction pécuniaire. En revanche, le véhicule de service peut être retiré à tout moment par l’employeur, sans condition ni compensation financière. En effet, la voiture de service n’est pas considérée comme un avantage en nature, contrairement à la voiture de fonction. Cela dit, l’utilisation de cette dernière doit être déclarée et soumise au prélèvement des cotisations sociales.
Voiture de fonction : les obligations du salarié
Les obligations du salarié concernant sa voiture de fonction sont régies par le contrat de travail, notamment en matière d’entretien et d’assurances du véhicule. À cet effet, le salarié est tenu d’entretenir sa voiture de fonction comme si elle lui appartenait personnellement. Dans ce cas, le contrat de travail prévoit une participation aux frais d’entretien et de réparation. Il faut savoir que la jurisprudence peut prévoir des licenciements pour cause réelle et sérieuse si la voiture de fonction n’est pas entretenue conformément aux obligations contractuelles du bénéficiaire.
Par ailleurs, au terme du contrat de travail, le bénéficiaire doit restituer sa voiture de fonction. Il doit alors remettre le véhicule au moment où il quitte l’entreprise si celui-ci ne servait qu’à son usage professionnel.
Cas spécifique du covoiturage avec une voiture de fonction
Il est évident qu’une voiture de fonction ne peut pas être utilisée par un salarié pour gagner de l’argent personnellement. Le cas du covoiturage pose problème car en théorie, le covoiturage a ceci de spécifique qu’il ne doit amener aucun bénéfice pour celui qui propose sa voiture. Le paiement du covoiturage doit seulement rembourser les frais.
Dans le cas d’une voiture de fonction, comme l’entretien (et souvent l’essence) sont payés par l’employeur, le salarié co-voitureur va faire du bénéfice..
Plusieurs licenciements ont eu lieu à cause de ce problème. Contestés aux Prud’hommes, ces licenciements ont été confirmés ou infirmés, que ce soit en première instance ou en appel, avec des cas compliqués où par exemple le salarié reversait l’argent récupéré à des associations caritatives (donc ne faisait pas de bénéfices).
Même si l’obligation de loyauté du salarié par rapport à l’employeur est en cause dans ce genre de cas, on ne peut pas vraiment considérer à 100% que faire du covoiturage payant est interdit avec une voiture de fonction mais mieux vaut s’en abstenir.
Voiture de fonction : les obligations de l’employeur
L’employeur ne peut décider unilatéralement de la suppression de la voiture de fonction si le contrat de travail prévoit la fourniture de cet avantage en nature. En effet, cela implique la modification du contrat de travail, une procédure qui nécessite l’accord du salarié. Sauf clause contractuelle contraire, cette obligation est aussi valable dans le cas des périodes de suspension du contrat de travail : congés, arrêts de travail…
Les charges sociales relatives à la voiture de fonction
Lorsque le véhicule de fonction est mis à la disposition du salarié pour un usage privé et de façon permanente, il constitue dès lors un avantage en nature. Ainsi, son utilisation doit être déclarée par l’employeur et soumise aux cotisations sociales de type CSG ou CRDS.
À noter toutefois que l’usage de la voiture de fonction par le salarié, pour ses trajets quotidiens domicile-travail, ne constitue pas toujours un avantage en nature. Dans ce cas, le dirigeant doit prouver que cet usage est nécessaire à l’activité professionnelle, sachant que le salarié ne peut pas utiliser d’autres moyens de transport.
Qu’en est-il lors de la suspension du contrat de travail
Selon la jurisprudence, la voiture de fonction que le salarié utilise à titre personnel ne peut pas lui être retirée pendant les périodes de suspension du contrat de travail. Cette décision de la Cour de cassation en mars 2010 vaut dans toutes circonstances de suspension du contrat de travail, que cet arrêt de travail soit rémunéré ou non.
Ainsi, lorsque l’employeur souhaite ne pas laisser au salarié malade l’avantage d’une voiture de fonction à titre personnel, il doit penser à insérer une clause dans le contrat de travail pour imposer la restitution du véhicule en cas de suspension du contrat. À défaut de clause stipulant cette restitution, le salarié peut toujours continuer de bénéficier de l’utilisation du véhicule pendant un arrêt-maladie, un congé payé, ou toute autre période de suspension du contrat de travail.
À noter que cet avis de la jurisprudence peut être étendu à tous les avantages en nature accordés à un salarié pour l’exercice de ses fonctions professionnelles (téléphone, ordinateur…).