Les salariés veulent se détacher de la prédominance du travail dans leur vie. Fini les missions outrepassant leur rôle au sein de l’entreprise, les heures supplémentaires, les réponses à des messages professionnels tardifs… La démission silencieuse, ou démission discrète, consiste à se limiter exclusivement aux tâches correspondant à leur fiche de poste.
La démission silencieuse, plus précisément
La démission discrète n’est pas réellement une démission. Il ne s’agit que d’un renoncement à l’idée de se surpasser au travail, à la culture de la performance absolue. Le but poursuivi est juste de dissocier son statut de salarié de celui d’individu pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. La démission silencieuse est sans doute le « retour de bâton » de la glorification du travail pour lui-même. La majorité des gens travaillent pour se nourrir et pas forcément par plaisir. La « mode » du travail qui rend heureux est aujourd’hui révolue.
Le terme quiet quitting est très récent. Il a été utilisé dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok durant l’été 2022 et a suscité une gigantesque caisse de résonance, particulièrement auprès des jeunes générations, notamment la génération Z (c’est-à-dire les personnes nées entre 1997 et 2010). Depuis, beaucoup s’intéressent à ce concept devenu phénomène.
Le quiet quitting en France et ailleurs
Dans certains pays, le quiet quitting a déjà fait l’objet d’enquêtes approfondies. Aux États-Unis, d’où provient le terme, une étude du cabinet d’analyse et de conseil Gallup, publiée en septembre 2022, a révélé que les « quiet quitteurs » représentaient au moins 50 % de la main-d’œuvre américaine. L’étude a également montré que l’investissement professionnel est moins fort chez les jeunes employés, et pas seulement dans la génération Z, mais chez les moins de 35 ans de façon globale.
En France, bien que le terme quiet quitting soit sur toutes les lèvres depuis l’été 2022, on ne dispose pas, à l’heure actuelle, de beaucoup de données pour apprécier son impact réel dans le monde de l’entreprise.
Cela dit, du 11 au 13 octobre 2022, l’IFOP a effectué pour Les Makers une étude destinée à mesurer la relation des Français au travail. De cette étude ayant porté sur 2015 personnes âgées de 18 ans et plus, il ressort que les salariés français sont de plus en plus nombreux à afficher leur détachement vis-à-vis du travail, un sentiment nourrissant le quiet quitting.
L’étude précise que « 37 % des salariés adhèrent en effet à ce phénomène en restant stricto sensu dans le cadre de leur contrat de travail, refusant les heures supplémentaires et d’éventuelles tâches qui ne relèveraient pas de leur mission ». Elle révèle aussi que « près de la moitié (45 %) des personnes interrogées, dont 14 % disent être tout à fait d’accord avec l’affirmation, ne se rendent au travail que pour le salaire qu’elles en retirent ». Des chiffres qui dénotent que le quiet quitting n’est pas un mythe, mais bien une réalité dans le contexte professionnel français aussi.
Quiet quitters, attention !
Avant de vous mettre au quiet quitting, prenez connaissance des risques auxquels vous vous exposez.
Le principal est celui de stagner dans votre avancement professionnel. En devenant un démissionnaire discret, vous pouvez ne plus développer de nouvelles compétences ni perfectionner les existantes. Ce qui constitue un frein pour avancer dans votre carrière.
Par ailleurs, la démission silencieuse peut envoyer un mauvais message à votre employeur. Si vous respectez un peu trop strictement votre cahier des charges, cela peut, paradoxalement, vous être reproché par votre employeur. Cela ne constitue pas à lui seul une cause suffisante de licenciement, mais votre employeur peut toujours se séparer de vous tout en acceptant de vous payer vos indemnités. Si vous bénéficiez d’un contrat à durée déterminée, celui-ci peut ne pas être renouvelé une fois arrivé à son terme.
Il est donc très important que vous soyez prudent. Il vaut mieux considérer la démission silencieuse comme une solution temporaire vous permettant de prendre le temps et le recul nécessaire pour réévaluer vos aspirations professionnelles et réajuster votre investissement au sein de votre poste actuel ou du suivant. Ce serait une erreur d’adopter le quiet quitting comme posture pérenne, à moins d’être parfaitement conscient(e) de ses conséquences potentielles.